À la fin du 19e siècle, quand les ceps de vigne ont commencé à se rabougrir et à dépérir, les vignerons n'ont pas compris ce qui leur arrivait. Depuis 1860 et les années qui ont suivi, le rendement des vignobles n'avait jamais été aussi important. Les récoltes record se succédaient et les surfaces plantées ne cessaient opportunément de s'étendre dans les régions vinicoles françaises.
Scénographie immersive du Musée d’art et d’histoire de Cognac
pour l'exposition Phylloxera, une épopée humaine et scientifique.
(Création Nicole Masset et Simone Rabaud) - © ABCfeminin.com.
Scénographie immersive du Musée d’art et d’histoire de Cognac
pour l'exposition Phylloxera, une épopée humaine et scientifique.
(Création Nicole Masset et Simone Rabaud) - © ABCfeminin.com.
Détecté pour la première fois dans le Gard en 1863, l'assaillant des pieds de vignes, on le découvrira quelques années plus tard, en 1869, s'appelait le phylloxera, un puceron à double vie, débarqué de l'est des États-Unis. Le parasite, après avoir affaibli les racines et le tronc du cep en suçant la sève, entamait sa seconde vie en version insecte ailé, dévorant ensuite les feuilles de vigne qui avaient résisté. L'invasion du phylloxera menaçait de détruire la totalité des vignobles, en France, et dans le monde entier.
L'exposition montre le combat du monde viticole pour vaincre l'ennemi et expose les différentes expérimentations mises en œuvre pour éliminer le parasite. Trois traitements ont été largement appliqués : la submersion des vignobles, réservée aux surfaces planes ; les injections de sulfure de carbone au pied des vignes, un pesticide très toxique* et la greffe de plants américains, plus résistants, sur ce qu'il restait des ceps français.
* L'intoxication par le sulfure de carbone, provoquant notamment de graves troubles psychiques, a été reconnue maladie professionnelle en 1945.
L'exposition montre le combat du monde viticole pour vaincre l'ennemi et expose les différentes expérimentations mises en œuvre pour éliminer le parasite. Trois traitements ont été largement appliqués : la submersion des vignobles, réservée aux surfaces planes ; les injections de sulfure de carbone au pied des vignes, un pesticide très toxique* et la greffe de plants américains, plus résistants, sur ce qu'il restait des ceps français.
* L'intoxication par le sulfure de carbone, provoquant notamment de graves troubles psychiques, a été reconnue maladie professionnelle en 1945.
Utilisation du Pal injecteur pour traiter le phylloxera.
Ouvrage “ Cognac et son vignoble”, 1900, imprimerie Ch. Collas, Cognac,
© Droits réservés.
Ouvrage “ Cognac et son vignoble”, 1900, imprimerie Ch. Collas, Cognac,
© Droits réservés.
Après l'essai de multiples remèdes - un concours doté d'une importante somme d'argent avait été organisé - et bien des atermoiements, la lutte héroïque pour sauver les vignes et la production de vin s'est avérée gagnante. Si les greffes de ceps se sont montrées les plus efficaces, certains producteurs ont résisté longtemps. Ce fut le cas en particulier des producteurs des vins les plus prestigieux et les plus chers, comme le Romanée-Conti, qui de peur de voir modifié le goût du vin ont poursuivi les injections de sulfure de carbone à foison.
Pour se maintenir à flot, les propriétaires de domaines viticoles ont alors utilisé leurs réserves et multiplié la vente de boisons au vin mélangé. Une loi de 1889 a mis fin à cette dégénérescence en définissant le vin comme "le produit exclusif de la fermentation du raisin frais", renforcée par la loi sur "la répression des fraudes dans la vente des marchandises et des falsifications des denrées alimentaires et des produits agricoles" en 1905.
Pour se maintenir à flot, les propriétaires de domaines viticoles ont alors utilisé leurs réserves et multiplié la vente de boisons au vin mélangé. Une loi de 1889 a mis fin à cette dégénérescence en définissant le vin comme "le produit exclusif de la fermentation du raisin frais", renforcée par la loi sur "la répression des fraudes dans la vente des marchandises et des falsifications des denrées alimentaires et des produits agricoles" en 1905.
La consommation de vin de France
Au moment de l'apparition du phylloxera, la production de vin en France était en pleine progression et, en 1880, sa consommation atteignait 80 litres par an et par habitant (contre 5 litres en 1845). Cette même année, les trois-quarts des vignobles français atteints par le phylloxera, avaient disparus.
La résurrection des vignobles au début du 20e siècle, après la crise du phylloxera, a entraîné une progression encore plus extraordinaire de la consommation française de vin, jusqu'à atteindre 130 litres par an par habitant en 1960. Du vin était même servi en carafe pour les écoliers à la cantine. Selon la rumeur publique, soutenue par les lobbies des producteurs de vin, il était sensé améliorer les facultés mentales et conserver la santé. Cette pratique a été interdite en 1956 et remplacée par la distribution d'un verre de lait sucré.
En 2020, la consommation moyenne française de vin s'élevait encore à environ 40 litres par an par habitant.
La résurrection des vignobles au début du 20e siècle, après la crise du phylloxera, a entraîné une progression encore plus extraordinaire de la consommation française de vin, jusqu'à atteindre 130 litres par an par habitant en 1960. Du vin était même servi en carafe pour les écoliers à la cantine. Selon la rumeur publique, soutenue par les lobbies des producteurs de vin, il était sensé améliorer les facultés mentales et conserver la santé. Cette pratique a été interdite en 1956 et remplacée par la distribution d'un verre de lait sucré.
En 2020, la consommation moyenne française de vin s'élevait encore à environ 40 litres par an par habitant.
La crise du phylloxera a entraîné la disparition des anciens vignobles et leur renaissance sous une forme tout à fait différente. Auparavant les vignobles étaient généralement plantés plus densément et en désordre, "en foule" comme on disait, sur des mosaïques de petites parcelles souvent entourées de murets de protection.
Les alignements des plantations de ceps de vigne "palissées" sur une terre entièrement désherbée, les tiges de cette plante grimpante taillées court et fixées à des fils tendus, a découlé des études menées, notamment par l'agronome et physicien français Jules Guyot (1807-1872), pour l'amélioration du rendement des vignes et la qualité de la vinification, puis par Pierre Viala (1859-1936), qui a oeuvré sur les pathologies de la vigne.
Les alignements des plantations de ceps de vigne "palissées" sur une terre entièrement désherbée, les tiges de cette plante grimpante taillées court et fixées à des fils tendus, a découlé des études menées, notamment par l'agronome et physicien français Jules Guyot (1807-1872), pour l'amélioration du rendement des vignes et la qualité de la vinification, puis par Pierre Viala (1859-1936), qui a oeuvré sur les pathologies de la vigne.
Photographie d’une "feuille de vigne atteinte par le phylloxéra"
© Maison Rémy Martin.
© Maison Rémy Martin.
Aujourd'hui, la culture bio et en biodynamie des vignes a rendu un peu de naturel aux vignobles. On a vu réapparaître de l'herbe entre les rangées et au pied des vignes, les tiges poussent plus librement et sont plus longues. Les traitements non chimiques et limités ont remplacés les arrosages répétés de pesticides.
Il a fallu quelques années d'expérience, mais la production de vin de ces vignes biologiques, moins contraintes et entravées, a atteint des qualités que les vignerons ont longtemps jugées inatteignables. Si les rendements ont un peu baissé, la santé des consommatrices et des consommateurs, à condition d'être parmi les plus modéré(e)s, y a gagné.
Il a fallu quelques années d'expérience, mais la production de vin de ces vignes biologiques, moins contraintes et entravées, a atteint des qualités que les vignerons ont longtemps jugées inatteignables. Si les rendements ont un peu baissé, la santé des consommatrices et des consommateurs, à condition d'être parmi les plus modéré(e)s, y a gagné.
Le cognac, une eau-de-vie de vin
Inscrit à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel français depuis 2020, le cognac est une eau-de-vie de vin produite dans une région délimitée autour de la ville de Cognac en Charente, à l'ouest de la France, à une quarantaine de kilomètres de la côte atlantique.
On obtient le cognac par une double distillation charentaise, dans un alambic en cuivre, d'un vin au départ peu alcoolisé, qui vieillit ensuite en fût de chêne pendant 2 ans et demi au minimum.
Le cognac est proposé en différents crus, liés aux terroirs des zones de production. Les cognac les plus prestigieux s'appellent Grande Champagne et Petite Champagne. Les autres crus sont Borderies, Fins bois, Bons bois et Bois ordinaires.
On obtient le cognac par une double distillation charentaise, dans un alambic en cuivre, d'un vin au départ peu alcoolisé, qui vieillit ensuite en fût de chêne pendant 2 ans et demi au minimum.
Le cognac est proposé en différents crus, liés aux terroirs des zones de production. Les cognac les plus prestigieux s'appellent Grande Champagne et Petite Champagne. Les autres crus sont Borderies, Fins bois, Bons bois et Bois ordinaires.
Informations pratiques
PHYLLOXERA
Une épopée humaine et scientifique
Une exposition du 5 mai au 31 décembre 2022 dans deux musées à Cognac :
Musée d’art et d’histoire (MAH)
48 boulevard Denfert-Rochereau
16100 Cognac
Musée des savoir-faire du cognac (M'CO)
Les Remparts - place de la salle verte
16100 Cognac
Renseignements au +33 (0)5 45 360 365
Une épopée humaine et scientifique
Une exposition du 5 mai au 31 décembre 2022 dans deux musées à Cognac :
Musée d’art et d’histoire (MAH)
48 boulevard Denfert-Rochereau
16100 Cognac
Musée des savoir-faire du cognac (M'CO)
Les Remparts - place de la salle verte
16100 Cognac
Renseignements au +33 (0)5 45 360 365