Vichy et le temps glorieux du thermalisme européen, mis à l'honneur par l'UNESCO

Le premier établissement thermal de Vichy a été créé en 1630.

Une célèbre curiste a très vite assuré le succès de l'établissement, la marquise de Sévigné (1626-1696), dont la main et le poignet se trouvaient endoloris par l'écriture des centaines de lettres qu'elle adressait à sa fille, Mme de Grignan. L'épistolière avait donné sa préférence aux thermes de Vichy pour éviter de croiser la maîtresse de Louis XIV, Mme de Montespan, qu'elle n'appréciait guère et qui avait ses habitudes aux thermes de Bourbon à une cinquantaine de kilomètres au nord de Vichy.
 

Située à équidistance de Lyon et de Limoges, la ville thermale de Vichy prendra son véritable essor pendant le Second Empire, sous Napoléon III (1808-1873). Ce dernier fit plusieurs cures pour ses calculs rénaux à Vichy, bientôt suivi par les membres de la cour impériale et d'autres têtes couronnées. Séduit par la beauté du site, il a décidé d'un plan de développement des thermes et de la ville, leur conférant dès lors une réputation internationale.
 

À la Belle Époque, au tournant du 20e siècle, la ville de Vichy était considérée comme le salon de l'Europe, une destination incontournable pour l'aristocratie et la haute bourgeoisie française et internationale. On venait y prendre les eaux mais aussi se divertir. Les dames et les messieurs se plaisaient à déambuler sous la galerie promenoir longue de 700m autour du Parc des Sources, où l'on se devait d'être vu.

En plus des thermes, le casino et le somptueux Opéra de style Art nouveau de Vichy étaient des établissements très courus.
 

Dans la perspective de séjourner régulièrement pour des cures thermales à Vichy, les grandes fortunes du monde entier y ont bâtis d'imposantes villas de différents styles : palais vénitien, chalets suisse, maisons de maître d'inspiration flamande, anglo-normande ou coloniale de Louisiane. Un vrai tour du monde architectural au cœur de la ville où l'on comptait, au tournant du 20e siècle, plus de 120 hôtels et près de 700 villas proposées en location.

La plupart de ces villas et hôtels de luxe ont depuis été transformés en immeubles résidentiels.
 

Le périmètre de la ville de Vichy, cartographié pour l'inscription au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, occupe une surface de 68 ha dont une grande partie est constituée de parcs verdoyants.

Les espaces naturels qualifiés de "paysage thérapeutique", font le charme de la ville et contribuent à l'agrément des séjours à Vichy. Du Parc des Sources, entouré de son élégante galerie promenoir, aux bords tous proches de l'Allier, aménagés en parcs paysagers, les promenades de santé dans la ville de Vichy sont ponctuées de lieux emblématiques de la philosophie des villes d'eaux, aménagées pour le bien du corps et de l'esprit.
 

Quittant le parc botanique du bord de l'Allier, la traversée du parc tout proche qui entoure la source des Célestins vous mènera au vieux Vichy, avec, en son centre, l'église art déco Saint-Blaise et, à proximité, la maison de naissance d'Albert Londres, ouverte au public et animée par la très dynamique association éponyme (voir Carnet d'adresses).
 

Pendant la seconde guerre mondiale, la ville de Vichy, avec sa formidable capacité d'accueil hôtelier, a eu le triste privilège d'être choisie par le maréchal Pétain (1856-1951) pour y installer son gouvernement durant l'occupation allemande de la France. Son chef du gouvernement, Pierre Laval (1883-1945), maître d'œuvre de la politique collaborationniste française avec le IIIème Reich, était originaire d'une ville voisine de Vichy. La ville thermale porte depuis, comme un fardeau, l'association de son nom avec ce gouvernement sous l'intitulé "régime de Vichy".

Après la guerre et jusqu'aux années 60, Vichy retrouvera son faste de "Reine des villes d'eaux" avant que la priorité donnée à d'autres destinations touristiques, mer, montagne, voyages longues distances, ne rendent les cures thermales et de bien-être à Vichy moins élitistes, quoique toujours aussi réputées.