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‘Bohèmes’, la vie errante et la vie d’artistes racontée en peintures



Les bohémiens ont les honneurs du Grand Palais à Paris. Le pluriel de "Bohèmes", titre de cette exposition de la Réunion des Musées nationaux dit la diversité de sens que l’on peut donner à ce mot. Vie vagabonde, précarité, vie d’artiste, liberté revendiquée… Les bohèmes, vues à travers le prisme de l’art, sont à redécouvrir dans cette exposition.



Photo : Album de l'exposition 'Bohèmes' à Paris au Grand Palais
Les lettres du titre "Bohèmes" qui scintillent d’éclats de lumière sur l’affiche de l’exposition du Grand Palais à Paris le soulignent : pas de misérabilisme au programme.

La  vie de bohème a une histoire et dans cette exposition, cette histoire est transcendée par l’art.

De la vie errante des bohémiens et des saltimbanques à la bohème des artistes libertaires, de la marginalité vagabonde au mode de vie du génie insouciant, depuis des siècles, la bohème fascine et interpelle.

Baudelaire ne parlait-il pas de "glorifier le vagabondage" ?

Voici comment, au fil des siècles, ce statut ou ce mode de vie est représenté dans l’art et la peinture.


> informations pratiques et bibliographie

Photo : Album de l'exposition.

Bohémiens depuis les temps anciens

En France, l’arrivée des premiers bohémiens remonte au Moyen-âge. Depuis, le bohémien a changé bien souvent de nom : Égyptien, gitan, tzigane, romanichel, manouche,… et aujourd’hui, rom.

L’exposition au Grand Palais est ainsi ponctuée de proverbes rom qui prônent la liberté et la mouvance: "Les montagnes ne bougent pas, mais les hommes bougent…", "Ce n’est pas la destination mais la route qui compte…", "Tu es heureux car tu es libre…".

Au fil de l’exposition, les siècles défilent en une quinzaine de thèmes et plus de 200 œuvres qui montrent l’évolution de la représentation de la bohème à travers le temps.

À la Renaissance, la Vierge, dite l’Égyptienne, est parfois désignée sous le diminutif affectueux de Zingarella (petite bohémienne) dans les tableaux de Titien et Corrège.

L’Égyptien est aussi parfois considéré comme diabolique et affublé par l’artiste de figures grotesques comme le fait Léonard de Vinci (1452-1519) dans sa peinture Un homme trompé par des Tziganes (vers 1493).

De tous temps, les bohémiens ont du trouver  les moyens de survivre. Ainsi les femmes ont acquis l’art de prédire l’avenir. Dans le tableau de Georges de La Tour (1593-1652) La Diseuse de bonne aventure (vers 1630), cette dernière a la figure d’une bohémienne. Elle capte l’attention en lisant dans les lignes de la main de celui qui dans le même temps se fait dépouiller.

Les bohémiens dansent. Ils se produisent sur les scènes des théâtres pendant les intermèdes.

Au XVIIème siècle, Louis XVI lui-même dansait déguisé en Égyptien, avant de bannir du Royaume les représentants du peuple nomade dont les hommes furent condamnés aux galères.

Photo ci-dessous : Les Roulottes, campement de bohémiens aux environs d’Arles (1888),
Vincent van Gogh (1853 - 1890) - Huile sur toile, 45 x 51 cm
Paris, Musée d'Orsay © RMN (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski.
Photo : Les Roulottes, campement de bohémiens aux environs d’Arles (1888), Vincent van Gogh. Paris, musée d'Orsay

La bohème et l’errance

Au XVIIIème, siècle des lumières, la lutte contre l’obscurantisme est de rigueur. Voltaire voit les bohémiens "comme un ramassis d’anciens prêtres et prêtresses d’Isis".

Dans la peinture, la bohème redevient errance. Les bohémiens quittent la ville et prennent la route. On les retrouve dans des scènes bucoliques comme chez Thomas Gainsborough (1727-1788) dans Paysage avec Bohémiens (1754).

Avec Les Roulottes, campement de bohémiens aux environs d’Arles (1888), Vincent van Gogh (1853-1890) donne une vision rustique et colorée de la bohème. Et son œuvre Chaussures, des croquenots poussiéreux peints en 1886, est une belle représentation allégorique de l’état de vagabond.

Au XIXème siècle, se dessine une association plus étroite du mot bohème avec la vie d’artiste. Dans La rencontre (1854), le peintre Gustave Courbet (1819-1877) se représente lui-même en chemin "tel un bohémien dont il revendique le statut de déclassé."

L'association entre bohème et pauvreté est une constante invariable. La peinture Enfants tsiganes (1855) d'August von Pettenkoffen (1822-1889), une fillette assise dehors sur le sol, berçant un bébé couché dans une coque en bois, traduit, par son réalisme contemporain, l’intemporalité de l’état de misère des bohémiens.


> SUITE Quand 'La Bohème' se chante

> informations pratiques sur l'exposition et bibliographie


Chris Halusiak


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